Présentation de l’Atlas mondial de l’Agrobusiness
A l’occasion de la conférence-débat « Under control – how corporations determine our food system », Barbara Unmüßig, présidente de la Fondation Heinrich Boll, a présenté devant une centaine de personnes la version anglaise de l’Atlas mondial de l’Agrobusiness. L’Atlas montre que la concentration de l’agrobusiness dans les mains de quelques multinationales toujours plus puissantes a des conséquences considérables à tous les niveaux de la chaîne alimentaire. Les auteurs de cet Atlas tirent la sonnette d’alarme : cette évolution inquiétante menace non seulement la liberté de choix du consommateur, les emplois, les conditions de travail et la production alimentaire dans le futur mais également, de manière générale, la réalisation des Objectifs de développement durable. Il met aussi en avant le pouvoir économique et politique que cette concentration du marché alimentaire procure à une poignée d’acteurs privés.
Selon l’Atlas mondial de l’Agrobusiness, la concentration des parts du marché est présente tout au long de la chaîne de production agro-alimentaire. 50% du marché des technologies agricoles, d’une valeur de 120 milliards de dollars, sont contrôlés par trois entreprises – Deere, CNH Industrial et AGCO. Le marché des pesticides et des semences est dominé par sept entreprises qui se partagent 70% du chiffre d’affaires mondial: Monsanto, Syngenta, DuPont, Bayer, Dow, BASF et ChemChina. Si les négociations de fusion en cours se concrétisent, ce nombre passera à 4 très prochainement. Le 5 mars 2018, la Commission européenne devrait se prononcer sur le projet de fusion entre Monsanto et Bayer. Quant au marché des engrais, 21% est contrôlé par trois entreprises : Agrium, Yara et Mosaic.
Qui plus est, l’augmentation de la part du marché de ces quelques acteurs renforce leur pouvoir économique et politique. Ainsi, ils ont une réelle emprise sur les politiques gouvernementales en matière de conditions de travail, prix, qualité, modes de production et compétition.
« Nous sommes en train de perdre le contrôle sur quelque chose d’aussi important que notre approvisionnement alimentaire mondial! », a prévenu Barbara Unmüßig. « Plus grand n’est pas toujours mieux malgré les revendications des représentants des entreprises. Plus de 850 millions de personnes souffrent toujours de la faim dans notre monde et l’agriculture industrielle n’a pas de réponses pour elles. Plus de pesticides, de cultures OGM et d’élevage industriel n’ont pas résolu le problème et j’ose dire qu’ils ne le feront jamais. », a-t-elle expliqué.
A cela s’ajoute que de nombreuses multinationales privilégient le profit au détriment du respect des normes sociales et environnementales, ce qui se traduit par des violations des droits humains et des dommages à l’environnement. L’absence d’un cadre juridique international en matière de droits humains empêche de tenir les multinationales responsables des atteintes aux droits humains et à l’environnement engendrées par leurs activités. C’est pourquoi, les auteurs de l’Atlas demandent d’en finir avec les codes de conduite volontaires et d’adopter des normes contraignantes.
Cet appel rejoint celui lancé par l’Action Solidarité Tiers Monde à l’occasion de la campagne « No corporate impunity – Droits humain avant profit ». L’ONG demande la mise en place de normes contraignantes qui obligent les multinationales établies au Luxembourg à prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement et à assumer leurs responsabilités en cas de dommages causés par leurs activités y compris celles de leur chaîne de valeur. Un organe de contrôle devrait également être instauré pour surveiller la mise en œuvre des normes contraignantes. Le Luxembourg devrait également soutenir les processus au niveau international et notamment l’adoption par les Etats membres de l’ONU d’un traité international contraignant, fort et efficace, sur les entreprises et les droits humains.
La conférence intégrale peut être visionnée ci-dessous: